Belle du Seigneur

Comment peut exister un forum avec presque la moitié d'hypokhâgneux, sans sujet sur Belle du Seigneur?
Voilà qui est fait.

J'aimerais savoir, parmi ceux qui l'ont lu, ce que vous en avez pensé. C'est sans aucun doute l'un des plus beaux livres que j'ai lu, mais certaines choses me gênent un peu.
Déjà, les nombreuses allusions au sionisme et plus généralement à la religion judaïque. Des pages entières à la glorification de Dieu, c'est un peu lourd. D'autant plus qu'on a l'impression que Cohen se place dans une tradition hébraïque sans croire lui-même, tant il fait dire à Solal son agnosticisme...
Ensuite, je trouve que l'image de la femme véhiculée dans ce roman est, hmh, plus qu'archaïque. Une vision très moderne de l'amour comme sentiment, avec un tel décalage dans la vision de la femme (Ariane est complètement idiote, qu'est-ce qu'elle m'a agacé ), c'est plus qu'étrange.

Oh non ! Tu es obligé de poster un débat pareil maintenant, alors que je dois partir de chez moi dans une minute et que je ne pourrais pas répondre avant presque une journée !
Bref, pour faire très court (parce que je vais être en retard à la gare où je dois aller chercher une personne très chargée qui va m'assassiner si je ne suis pas à l'heure pour l'aider à porter les valises )
- j'ai fini Belle du Seigneur.
- pour moi (même si mes références religieuses sont minimes), le roman est une réécriture du Cantique des Cantique (la partie de l'Ancien Testament qui raconte les amours de Salomon et de la reine de Saba.) D'où l'insistance sur la religion : comme Salomon et sa belle, Ariane et Solal ne sont pas de la même religion, mais vivent tout de même une véritable passion amoureuse, avec un côté érotique marqué. Ils n'ont pas la même nationalité non plus.
- Solal des Solal est un soleil, un individu unique, le dernier aîné de sa lignée et un individu assez étrange, dont Cohen fait presque un prophète, comme Salomon. Ariane apparaît comme une prêtresse qui l'honore à tous les sens du terme (d'où sa perpétuelle et fatigante adoration !)
- Les nombreuses références au judaïsme s'expliquent peut-être aussi par la date de publication du roman (1968) alors que les autres livres qui composent la trilogie dont il fait partie datent d'avant guerre. Cohen, juif, n'a pu, comme l'Europe entière, qu'être horrifié par l'extermination massive des Juifs pendant la 2GM. Cela explique également qu'il s'attaque à la SDN qui n'a rien pu faire pour empêcher cette horreur. Je ne sais pas si Cohen était très pratiquant.
- Le livre vise à montrer que la passion amoureuse ne peut être vécue dans la vie réelle. Selon Cohen, si Roméo et Juliette n'étaient pas morts au bout de cinq jours d'amours (ou quatre, je ne sais plus), ils n'auraient réussi à vivre ensemble 70 ans, pour résumer. D'où la fin de Belle du Seigneur, et d'où la sottise affichée d'Ariane : si elle était une femme parfaite et pas en adoration devant Solal, les choses ne seraient pas devenue ainsi.. Les amants, coupés du monde, périssent d'ennui.

Et voilà, je vais être en retard !

PS : j'ai beaucoup aimé ce roman, évidemment.
PS2 : Avec le Cantique des Cantiques, il est tout à fait possible que je délire complètement, hein.

Je n'ai pas lu Belle du Seigneur, je n'ai lu de Cohen que Le Livre de ma Mère... J'avais bien aimé. Peut-être m'attaquerai-je pendant les vacances à Belle du Seigneur, qui me nargue depuis ma bibliothèque ^^